Actualité
« Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’.» (Mt 5)"
En ce dimanche, nous voici de nouveau assis avec Jésus, sur la montagne. Sur un fond d’air frais et messianique, nous sommes à l’écoute de son enseignement nouveau, de cette sagesse du mystère de Dieu, tenue longtemps cachée. Si nous prêtons l’oreille, nous sommes frappés par cette rupture qui instaure un sens nouveau, à la fois révélation d’une direction inédite et dévoilement d’une signification renversante :
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens / Eh bien, moi je vous dis
Tout cet art, ce style évangélique est une invitation forte et vigoureuse à montrer attention et compassion aux plus petits, à respecter un minimum d’éthique civile et sociale, un minimum vital, à œuvrer à la réconciliation avec le prochain proche, justement avec celui qui nous fait sortir de nos gonds tandis qu’il frappe à la porte pour que cette dernière s’ouvre grâce aux gonds, à vivre discrètement selon une intention droite et intègre, sans scandale, sans abus de conscience, loin de cette mondanité spirituelle, à avancer lentement dans une fidélité féconde toujours à actualiser, jour après jour, pas après pas dans cet aujourd’hui si marqué par la mobilité en tous genres. Osons faire ce pas de côté qui permet de respirer, dirait Christian Bobin et de faire preuve de discernement, de décision, de fermeté intérieure :
Quand vous dites oui, que ce soit oui /Quand vous dites non, que cela soit un non
Oui et non, ces deux mots les plus brefs et concis, les plus simples et essentiels, les plus anciens de nos langues, sont ceux qui exigent aussi le plus de réflexion, de souffle, d’inspiration pour les prononcer. Car c’est un grand signe de maturité humaine et spirituelle non seulement de savoir dire non - en résistant au flottement de la pensée, à la dispersion de l’esprit, au flou mental qui brouille ce travail d’unification intérieure - mais aussi de pouvoir dire oui à cette parole de Jésus qui dérange nos habitudes, qui perturbe nos schémas de raisonnement, qui renverse notre logique trop giratoire : bel appel à gagner au petit matin le large pour vivre en profondeur !
Soeur Jean-Baptiste de l'Abbaye de Pradines, en année sabbatique au monastère de Jérusalem
Méditation de l’Évangile du 16 février 2020
Sixième dimanche du Temps Ordinaire — Année A
