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« Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort » Jn 11, 21.
Combien de fois entendons-nous ces paroles ou d’autres du même genre formulées par des proches ou murmurées dans notre propre cœur ? Et en ces temps de turbulence, peut-être certains les crient même autour de nous.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus répond différemment à Marthe et à Marie. Il ne donne pas une réponse toute faite mais offre une parole adaptée à chacune. A Marthe, il demande la foi, il l’invite - et nous avec – à le contempler Lui, la résurrection et la vie. Ce n’est pas une réponse abstraite qui résoudrait nos questions sur l’origine du mal, c’est une invitation à prendre Jésus avec nous pour vivre l’épreuve de la maladie, de la mort. Nous pouvons crier vers le Seigneur, lui dire notre peur, notre révolte peut-être, notre tristesse en tous cas. L’important est de s’adresser à Lui, de lui confier notre angoisse et non pas de le traîner au tribunal de nos accusations. Car Dieu « est avec nous au milieu de l’épreuve » psaume 90. C’est ce que nous voyons dans la réaction de Jésus avec Marie de Béthanie. Il est bouleversé d’une émotion profonde quand il la voit et l’entend lui dire : « Seigneur, si tu avais été là… » Notre Dieu est descendu de son trône de lumière pour s’enfoncer dans nos ténèbres, dans nos enfers et nous faire remonter avec lui dans le Royaume de son Père. Mais mystérieusement il ne nous épargne pas la souffrance et l’incompréhension, il vient la vivre avec nous ; « il ne déploie pas sa puissance de l’extérieur, il manifeste sa solidarité en faisant sienne l’épreuve qui nous atteint. » Michel Remaud. C’est ce que, dans quelques jours, la Croix du Christ va nous révéler de façon dramatique mais lumineuse aussi, car nous pouvons y discerner l’amour « jusqu’à l’extrême » de Jésus. Jésus est mort pour nous, non pas à notre place mais en notre faveur ; pour que nous puissions vivre nos combats, nos épreuves dans sa force et dans sa liberté, unis à son Père qui entend le cri et la misère de son peuple. Dans la douleur ou la peur, laissons-nous prendre par la main du Christ ressuscité qui, sur les icônes orthodoxes, arrache Adam et Eve à la puissance de la mort et les entraîne dans sa victoire.
Sœur Marie Caroline, Monastère de Bouzy la forêt
Méditation de l’Évangile du 29 mars 2020
Cinquième dimanche de Carême— Année A