Antoinette d'Orléans, feuillantine
Quand, en 1599, Madame d’Orléans entre chez les Feuillantines de Toulouse pour y mener une vie humble et cachée, elle ne se doute pas qu’elle en sera retirée par ordre du Pape pour réformer l’abbaye de Fontevraud. En 1606, la rencontre fortuite avec le Père Joseph est déterminante. Madame d’Orléans trouve dans ce capucin avisé l’appui nécessaire pour commencer la réforme au prieuré de Lencloître. Face à l’hostilité de l’abbesse, elle fonde le 25 octobre 1617 à Poitiers une congrégation qui suit la règle de saint Benoît avec une note de simplicité et de solitude. Ainsi commence la longue marche des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire.
Les origines
Antoinette d’Orléans Longueville est née en 1572 au château de Trie, près de Gisors, 8e d’une famille de 9 enfants. Sa mère est cousine germaine d’Ėléonore de Bourbon Abbesse de Fontevraud et d’Antoine de Bourbon, père de Henri IV. A 16 ans elle doit épouser Charles de Gondi, Marquis de Belle-Isle, jeune Seigneur de 19 ans. Ils vivent deux ans à la Cour d’Henri III mais se retirent au château de Machecoul après l’assassinat du Roi. De leur union naquirent deux fils et après 12 ans de mariage c’est le drame, en 1596 le Marquis est tué alors qu’il s’apprêtait à prendre d’assaut le Mont Saint Michel. L’épreuve est rude et après avoir réglé les affaires de son mari, Antoinette songe à répondre à l’appel du Seigneur, confiant ses enfants à leurs grands parents.
Entrée dans la vie religieuse
Le 23 octobre 1599 elle entre chez les Feuillantines à Toulouse pour y mener une vie cachée et « embrasser la Croix de mon Dieu ». Le 31 octobre elle reçut l’Habit et le nom de Sœur Antoinette de Sainte Scholastique, elle a 27 ans. En 1604 elle est élue Prieure à l’unanimité.
Madame d'Orléans appelée à Fontevraud
Alors qu’elle souhaite mener une vie cachée, Mère Antoinette de Sainte-Scholastique est nommée Grande Vicaire de l’abbaye de Fontevraud en 1605. Elle est chargée d’aider sa tante abbesse, Eléonore de Bourbon, dans la réforme de l’abbaye. En 1606, elle fait la rencontre du Père Joseph de Paris. Lors de leur premier entretien, Mère Antoinette ne peut s’arrêter de pleurer et le capucin se promet de ne plus jamais la revoir.
Cependant, peu de temps après cet entretien, alors qu’il prie devant la piéta de Notre-Dame des Ardilliers, il reçoit dans un motion intérieure l’ordre d’aider la bénédictine.
En 1610, un bref papal permet à Madame d’Orléans de choisir entre trois alternatives après la mort de l’abbesse : rester à Fontevraud en tant que simple religieuse, se retirer dans un monastère dépendant de l’abbaye pour y mener la réforme ou tout quitter pour retourner chez les Feuillantines.
A Lencloître
Le 26 juillet 1611, elle entre au prieuré fontevriste de Lencloître. Peu après, un bref de Paul V permet à Madame d’Orléans d’établir la réforme dans l’Ordre tout entier et organiser, à côté du prieuré de Lencloître, un séminaire de religieux. Les novices y sont formés puis envoyés comme chapelains ou confesseurs dans les différents couvents fontevristes. Cependant, Madame de Bourbon-Lavedan, la nouvelle abbesse de Fontevraud, partisane d’une réforme plus modérée, se montre hostile au projet de Madame d’Orléans. D’autant plus que Lencloître attire un nombre plus grand de postulants, et ainsi, supplante peu à peu Fontevraud. Au début de 1614, elle refuse de verser la pension qu’elle doit pour l’entretien des trente jeunes religieux de Lencloître et les disperse dans les différentes maisons de l’ordre.
Le père Joseph explique que
la dispersion des jeunes religieux détruisit tout espoir de réussir dans la réforme sans une lutte à laquelle l’esprit pacifique de Madame d’Orléans et du Père Joseph répugnait. De là naquit chez l’un et chez l’autre, la pensée d’établir une congrégation bénédictine indépendante et autonome.
La fondation du monastère de Poitiers
Le 25 octobre 1617, Madame d’Orléans s’installe avec 24 religieuses de Lencloître dans un nouveau monastère construit à Poitiers.
Sitôt qu’elle entra en cette pauvre maison, elle demanda qu’on la menât dans la petite Chapelle, qui devoit servir d’Eglise en attendant que l’autre fût faite ; mais la clef ne se trouvant pas, elle fut contrainte de monter au dortoir, où montant & ayant l’esprit profondément occupé en Dieu, elle s’arresta quelque espace de tems devant une fenestre, les yeux élevez au Ciel, & se tournant à l’instant vers ses filles, elle leur dit en ce mesme esprit d’oraison. Nos Sœurs, nous ne sommes pas venües en ce lieu pour changer d’air, mais bien de vie.
Cependant, en raison du froid et de l’humidité du monastère encore en travaux, plusieurs religieuses décèdent des coliques du Poitou (sorte de saturnisme). Madame d’Orléans est elle-même emportée par cette maladie à l’âge de 46 ans, le 25 avril 1618.
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